Mona Desforêt a pour elle la grâce et la jeunesse des fées. En Indochine, elle attire tous les regards. Mais entre les camps japonais, les infamies, la montée du Viet Minh, le pays brûle. Avec sa fille Lucie et son haut-fonctionnaire de mari, un maurrassien marqué par son engagement pétainiste, elle fuit en Nouvelle-Calédonie.
Cet ouvrage est un balancement constant, affiché, entre fiction et réalité : Évelyne Pisier tisse son réel romancé, et Caroline Laurent met en lumière la coulisse du vécu.
« Mais qu’allais-je trouver de l’autre côté de la barrière, ici en Europe ? Je me retrouverais seul, mais pas de la façon que j’affectionnais : ce serait la solitude totale. Cette nouvelle liberté me semblait bien sombre. Je savais pourtant que c’était là le seul choix possible, parce qu’il m’offrait l’espoir de construire quelque chose qui me corresponde, l’espoir d’apprendre, d’observer par moi-même, de grandir… » En 1962, alors que la guerre froide atteint son apogée, le jeune Russe Rudolf Noureev éblouit l’Occident par son art et devient en quelques mois une star de renommée internationale. C’est le moment que ce danseur de 25 ans choisit pour publier le témoignage de ses jeunes années, depuis son enfance difficile en URSS jusqu’à son passage fracassant à l’Ouest, tout juste un an auparavant. L’ancienne étoile du ballet soviétique du Kirov en passe de devenir une superstar occidentale se livre entièrement dans ce texte, qui mettra plus de cinquante ans à être édité en France. Toute la personnalité de Noureev y figure déjà, avec ce caractère entier et volontaire, source de mélancolie, mais aussi atout essentiel pour oser transgresser l’autorité familiale, politique et artistique de son temps.